1919, cicatriser, reconstruire
Ce long conflit dont on fête le Centenaire, on l’appellera très vite la « Grande Guerre », la «Der des Der », la « Guerre Mondiale » (qui bien entendu n’acquerra son épithète de Première qu’avec la survenue de la Seconde), la « Guerre de 14 », puis « Guerre de 14-15 », puis « 14-16 », « 14-17 », au fil du temps qui semblait ne jamais vouloir s’arrêter et, enfin, « Guerre 14-18 » qui deviendra son appellation définitive.
Pourtant il s’agit bien de la « Guerre 1914-1919 »…
L’acte de déclaration de Guerre du 2 août 1914 inaugure ce sinistre épisode de notre Histoire et si les combats cessent au matin du 11 novembre 1918, l’état de guerre ne s’achèvera qu’avec la signature du Traité de Versailles, le 28 juin 1919.
Au-delà de l’aspect juridique, c’est bien l’année 1919, qui donne un sens à cette paix relative retrouvée. Elle voit le retour d’une partie des soldats, des prisonniers, les territoires occupés enfin libérés, et les départements de l’Alsace et de la Lorraine revenir dans le giron de la République.
L’année 1919 présente les premières trames d’un bilan, de la mesure de la réalité d’un désastre souvent censuré : désastre des vides ouverts au sein de la population, désastre des destructions, désastre des blessures infligées aux corps et aux âmes, désastre financier enfin, qui condamne tout espoir d’aide aux populations tellement démunies.
La guerre a aussi chahuté l’ordre social. Les femmes, en plus de leurs lourdes charges domestiques, devinrent ouvrières, conductrices de bus, agricultrices, personnel de bureau, etc. , actrices essentielles à l’économie de guerre.
Les soldats, survivants de retour, acceptent mal cette position.
Car si le retour des hommes est difficile, le temps de guerre, mais aussi celui de l’après le furent aussi pour la population civile. C’est cela que nous avons choisi de présenter au travers du regard des enfants, de leurs dessins, expression du quotidien, témoins de la propagande dont ils ont été l’une des premières cibles.
L’Europe a changé, et la volonté de faire payer les perdants, la création de nouveaux états, en morcelant les anciens empires, seront les germes d’un plus grand conflit encore. Mais cela n’est alors pressenti que par très peu de personnes…
Cette exposition, 1919, CICATRISER, RECONSTRUIRE conclut un cycle de six années de rétrospective de ce conflit.
Le retour du champ de bataille au champ de blé, le « récent ancien » combattant, le grand blessé et les progrès sanitaires que ses soins ont permis, la création de la Mémoire et de son devoir, la glorification des héros disparus, le tourisme d’après-guerre sur les lieux de batailles mais aussi le défilé de la Victoire, la question du retour des prisonniers, la lente démobilisation mais également, le regard des enfants, futurs combattants de cette guerre pour les plus grands, de la suivante pour les autres… sont les thèmes que ce dernier volet aborde.